Printemps des Poètes 2020 Le Courage

« Remettons vite à flot ce navire embourbé ! »

Toujours ces durs sursauts lorsque la houle passe !

Pas moyen de sortir en beauté de l’impasse !

Offrant leurs volontés, leurs forces en renforts

Ils se démènent tous, cumulant leurs efforts ;

Et parmi l’équipage, aucune défaillance,

Unissant leurs espoirs, œuvrant avec vaillance,

Ardents et courageux, usant leurs bras de fer

Pour se tirer vainqueur de ce pénible enfer,

N’estimant que trop bien des dangers l’étendue,

Tant le travail est rude et la besogne ardue.

Au rocher de Sisyphe, ô, ce travail maudit

Quand un destin fatal n’offre que discrédit !

Et se passent ainsi dix heures d’affilée :

L’embarcation semble à jamais exilée !

Un grand désarroi règne, et le bateau se meurt,

Ebranlé sourdement quand se produit le heurt.

Quand la nuit les surprend avec tout son cortège,

Tous ils n’ont qu’un espoir, que  le ciel les protège

Car des sables des fonds le navire est captif,

Et l’équipage, hélas, de moins en moins actif !

Mais dans l’ombre profonde un vent dément s’élève,

Et la mer en courroux se gonfle, se soulève

Et fait valser l’esquif au cœur de sa fureur ;

Les hommes, brusquement, se prennent de terreur

Et pensent aussitôt de façon opportune

Qu’il faudra faire face à quelque autre infortune

Quand un cri d’allégresse, un cri partant du cœur

Retentit hardiment, repris par tous en chœur :

« Nous flottons ! Nous flottons ! Enfin ! C’est fantastique !

« Fini le cauchemar, l’incident dramatique ! »

Plus d’amarres ! Flottant, le bateau dégagé

Reprend la route enfin, revivant, allégé.

Extrait de « Dunkerque – La pêche … à l’Islande »

de Gratienne Denière - Soyez

Retrace la dure vie des pêcheurs dunkerquois partant en Islande au XIXe siècle et d'un jeune mousse qui part pour la premère fois affronter la mer.